Au cours de l’année 2020, près de 37,5 % des municipalités françaises bénéficiaient d’une monnaie locale en circulation. Les principaux objectifs de cette alternative à la devise européenne incluent l’engagement des citoyens, la promotion d’une économie circulaire et solidaire, ainsi que la progression rapide vers une transition écologique.

Le réseau des monnaies locales complémentaires (MLC) se développe en France. Une étude réalisée par des chercheurs de Sciences Po Lyon et de l’Université Lyon 2 dénombre 82 monnaies actives sur le territoire en 2020. Ces systèmes d’échange fonctionnent en parallèle aux monnaies nationales utilisées dans les échanges mondiaux. Employées au sein de communautés locales, départementales ou même régionales, elles favorisent les échanges économiques à l’intérieur d’une zone géographique limitée.

Inspirées par le modèle allemand du Chiemgauer, apparu en 2003 en Bavière, ou du Bristol Pound en Angleterre, les premières alternatives ont vu le jour en France au début des années 2010. Elles ont été soutenues par la loi de 2014 relative à l’économie sociale et solidaire qui leur accorde un statut légal.

Valorisation des circuits courts et de l’économie locale grâce aux monnaies locales

Les monnaies locales sont acceptées dans un réseau de commerces de proximité, de restaurateurs et d’associations agréés, qui rémunèrent leurs collaborateurs et prestataires en monnaie complémentaire. En dépensant dans une entreprise locale, on lui garantit la possibilité de payer ses salariés, fournisseurs et charges. Chaque partie prenante, y compris les particuliers, devient pleinement actrice de l’économie du territoire sur lequel elle est implantée. En échangeant leurs euros contre une MLC dans des bureaux de change (généralement 1 euro = 1 MLC), les particuliers contribuent à dynamiser l’économie de leur commune.

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À long terme, les monnaies locales visent à créer un circuit économique en renforçant les liens entre les acteurs économiques du territoire où elles circulent. Les plus abouties parviennent à tisser de véritables relations entre particuliers, commerçants et fournisseurs. Au Pays-Basque, l’eusko a incité 56 % des 1400 entreprises adhérentes à changer de fournisseurs pour des prestataires basques.

Les conventions des professionnels exigent d’avoir leur siège social au sein du territoire. Par conséquent, les monnaies locales ne contribuent pas à enrichir des multinationales, mais des acteurs locaux aux pratiques éthiques. Juridiquement, elles ont le même statut qu’un titre-restaurant, il est donc impossible pour les particuliers de les déposer en banque. Les professionnels peuvent les reconvertir en euros moyennant une commission de 5 %. Destinée à circuler constamment dans la ville, elle profite aux acteurs locaux pour financer leurs besoins.

La participation démocratique et citoyenne comme point de départ

Issus d’initiatives de collectifs citoyens engagés, les monnaies locales permettent d’expérimenter une démocratie à petite échelle où les décisions sont prises avec consentement. En adoptant une monnaie locale, chacun s’engage dans une démarche citoyenne, au service de la transition écologique, économique et sociale de sa collectivité. Bien qu’elle ne remplace pas l’euro, mais le complète, elle reconfigure la gouvernance des parties prenantes. Habitants, commerçants, associations, institutions et collectivités : tous participent de manière horizontale aux décisions concernant le développement de leur monnaie.

Si certaines existent déjà sous forme numérique, un tiers d’entre elles sont encore sous forme de billets, renforçant le lien social et encourageant les interactions entre les adhérents : les commerces, les marchés deviennent des lieux de rencontre et de partage.

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Se réapproprier son argent

Les échanges de monnaies locales élargissent également la vision sur la circulation monétaire, qui est obscure lors des transactions en euros puisque seulement 3 % des opérations sont réinjectées dans l’économie réelle ; le reste sert à l’achat d’actifs et de titres financiers. Les monnaies locales les plus fructueuses, comme l’eusko au Pays-Basque ou le monéko en Loire-Atlantique, permettraient de contrer la spéculation financière. L’eusko s’impose d’ailleurs comme la première monnaie locale d’Europe, dépassant le Chiemgauer bavarois.

Chaque organisme de gestion de MLC possède un fonds de garantie placé dans une banque éthique et non-spéculative. Pour chaque euro échangé en MLC, un euro est placé en banque, qui doit alors financer des projets favorables à la transition écologique et sociale sur la collectivité. La Nef s’est elle-même engagée à doubler le fonds de garantie. Autrement dit, pour 10 000 euros échangés en gonette, stück, florain ou épi, ce sont 20 000 euros de prêts que la Nef accorde pour financer des projets sur le territoire de la monnaie utilisée.

Pour connaître la monnaie locale de votre commune, ville ou département, ID a mis à jour la carte des monnaies complémentaires en France et Outre-Mer.

Source : Info Durable