Il existe une multitude de motivations pour réduire notre consommation de viande, que ce soit pour des raisons écologiques, de santé ou financières. Cependant, il est essentiel de savoir comment pallier les manques dans notre alimentation. Corinne Fernandez, une experte en diététique et nutrition, partage avec ID quelques recommandations pour adopter un régime alimentaire sain, durable et complet.

Impact environnemental de notre alimentation

Le quart de notre empreinte carbone en France est attribué à notre consommation alimentaire, avec certains aliments comme la viande qui sont les principaux contributeurs. La viande de boeuf, par exemple, a une empreinte carbone huit à dix fois plus élevée que celle du poulet ou des œufs, et même vingt fois plus que celle des fruits secs et légumineuses. D’après une étude publiée dans le Journal Américain de Nutrition Clinique, un régime omnivore produit 3 kg de CO2e par jour pour 1000 calories consommées, tandis qu’un régime entièrement végétalien produit seulement 0,7 kg de CO2e.

Evolution de la consommation de viande en France

Toutefois, la consommation de viande en France ne semble pas diminuer. Elle est passée de 3,8 millions de tonnes en 1970 à 5,8 millions de tonnes en 2021, selon l’Institut pour l’Economie du Climat (I4CE). FranceAgriMer, l’agence publique, estime quant à elle que la consommation annuelle moyenne de viande est de 85 kg par personne en 2022, ce qui est similaire aux chiffres des dix dernières années.

Considérations économiques et sanitaires

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles il serait bénéfique de réduire notre consommation de viande. Un des facteurs est l’inflation qui affecte particulièrement le secteur de la viande. En avril, Nielsen a estimé une augmentation de 30% du prix de la viande sur un an. Sur le plan sanitaire, une consommation excessive de viande rouge peut être dangereuse. Corinne Fernandez, une nutritionniste diététicienne à Paris, explique que la viande rouge est riche en fer, un pro-oxydant. Une surconsommation de viande rouge ou de charcuterie peut causer un cancer colorectal dans le cadre d’un régime alimentaire déséquilibré. Cependant, il faut rappeler que les protéines contenues dans la viande sont essentielles pour maintenir une bonne santé. Il ne suffit donc pas seulement de limiter la consommation de viande, il faut également trouver un moyen efficace pour la remplacer.

Diversifier son alimentation

Conformément aux recommandations du ministère de la Santé, Corinne Fernandez suggère de ne pas consommer plus de 500 grammes de viande rouge par semaine. Il est préférable de consommer moins de viande mais de meilleure qualité : “il vaut mieux privilégier les produits locaux qui sont meilleurs pour l’empreinte carbone, se rendre chez un boucher artisanal si possible, ou vérifier la traçabilité des viandes en supermarché. C’est toujours mieux qu’une viande provenant de l’Union Européenne”.Corinne Fernandez ajoute qu’il est important de diversifier son alimentation avec du poisson, des œufs, ou des alternatives végétales comme le tofu, le tempeh, ou le seitan. Ces produits à base de soja transformé peuvent remplacer la viande dans notre alimentation quotidienne, car ils ont une teneur en protéines comparable à celle de la viande du point de vue biologique.

Prévenir les carences avec des repas équilibrés

Il faut cependant faire attention à ne pas se carencer en remplaçant la viande par des aliments qui n’apportent pas les mêmes nutriments. Les légumineuses (lentilles, haricots, fèves, pois chiche…), souvent préférées comme substituts de la viande, contiennent des protéines mais en quantités moindres. “Pour comparaison, 100g de lentilles apportent 10-12 grammes de protéines, alors que 100g de viande apportent 18 à 20 grammes, et sans glucides”.Il est donc essentiel de compenser les carences des légumineuses avec d’autres aliments, comme les céréales. Corinne Fernandez donne l’exemple de la cuisine du monde : “en Amérique latine, on associe les haricots rouges avec du riz ou des tortillas de blé, au Maghreb on associe le couscous avec les pois chiches, en Inde, le dal est fait à base de lentilles et de riz… Ce qui manque dans un aliment, on le complète avec un autre. De cette manière, on obtient des taux de protéines optimaux, avec un score d’acides aminés complet”. Il est également recommandé de consommer des légumes pour maintenir un régime alimentaire équilibré et écoresponsable.Source : Info Durable