Les nations d’Amazonie en Amérique du Sud ont choisi, mardi 8 août, de créer une “union” pour lutter contre la déforestation, bien qu’aucun objectif précis n’ait été établi, au cours d’un sommet à Belem qui a pourtant été décrit comme un “moment décisif” par le président brésilien Lula.

Les pays d’Amazonie ont créé une entité appelée “Alliance amazonienne de combat contre la déforestation”, selon une déclaration commune signée par le Brésil, la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Guyana, le Pérou, le Suriname et le Venezuela.

L’objectif de cette alliance est de promouvoir la coopération régionale dans la lutte contre la déforestation, afin d’éviter que l’Amazonie n’atteigne un point de non-retour. Si ce point était atteint, l’Amazonie émettrait plus de carbone qu’elle n’en absorberait, aggravant ainsi le réchauffement climatique.

Cependant, contrairement aux attentes des organisations de défense de l’environnement, cette déclaration commune, publiée à l’issue du premier jour du sommet, ne présente aucun objectif commun pour éliminer complètement la déforestation, comme le Brésil s’est engagé à le faire d’ici 2030.

“Un premier pas”

Ce document de 113 points détaille les étapes d’une coopération entre les huit pays membres de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA) pour promouvoir le développement durable dans cette vaste région, qui abrite environ 10 % de la biodiversité mondiale.

“C’est un premier pas, mais il n’y a pas de décision concrète, c’est juste une liste de promesses”, a réagi Marcio Astrini, responsable de l’Observatoire du Climat, un collectif brésilien d’ONG. “Alors que des records de température sont battus tous les jours, il est inacceptable que les dirigeants des pays amazoniens ne soient pas capables de mettre noir sur blanc dans une déclaration que la déforestation doit être réduite à zéro”, a-t-il dénoncé.

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“Un nouveau rêve amazonien”

Le sommet a débuté le jour où le service européen Copernicus confirmait que le mois de juillet a été le plus chaud jamais enregistré sur Terre. “Il n’a jamais été aussi urgent de reprendre et d’étendre notre coopération”, a déclaré le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva dans son discours d’ouverture, évoquant un “nouveau rêve amazonien”.

Plus tôt dans la journée, Lula avait promis que le sommet serait “un tournant” dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Au-delà des discours

De son côté, le président colombien Gustavo Petro a appelé à ce que les discours soient suivis d’actions concrètes rapidement. “Si nous sommes au bord de l’extinction, si c’est lors de cette décennie qu’il faut prendre des décisions, que faisons-nous, à part des discours ?”, a-t-il demandé.

Lula et Gustavo Petro sont accompagnés à Belem de leurs homologues de la Bolivie, de la Colombie et du Pérou. L’Équateur, le Guyana et le Suriname sont représentés par des ministres, et le président vénézuélien Nicolas Maduro, souffrant d’une otite, a été remplacé au pied levé par sa vice-présidente Delcy Rodriguez.

Le sommet à Belém prépare la ville portuaire de 1,3 million d’habitants du nord du Brésil à accueillir en 2025 la conférence de l’ONU sur le Climat COP30. D’autres pays non membres de l’OTCA ont été invités au sommet, notamment la France, qui possède un territoire amazonien avec la Guyane et sera représentée mercredi par son ambassadrice à Brasilia, Brigitte Collet.

“Il est urgent de mettre fin à la déforestation”, a déclaré mardi le président français Emmanuel Macron, appelant “à protéger les réserves vitales, de carbone et de biodiversité, dans l’intérêt des pays forestiers, de leurs populations et du monde entier”.

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De retour au pouvoir en janvier, Lula s’est engagé à mettre fin à la déforestation d’ici 2030, qui a fortement augmenté sous le mandat de son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro. Les terres déboisées sont souvent transformées en pâturage pour le bétail, mais la destruction est également causée par des orpailleurs et des trafiquants de bois.

Divergences sur le pétrole

Cependant, le président colombien Gustavo Petro a affirmé que la “déforestation zéro” serait “insuffisante”. “La science nous a montré que même si on recouvre le monde entier d’arbres, cela ne suffira pas à absorber les émissions de CO2 (…). Il faut abandonner les énergies fossiles”, a-t-il insisté.

Selon lui, cette responsabilité incombe avant tout aux “pays du nord”, tandis que “nous (les pays amazoniens) devons protéger l’éponge”, comme il décrit la forêt tropicale. Mais cette transition énergétique est un sujet plus sensible pour d’importants producteurs d’hydrocarbures de la région amazonienne, comme le Venezuela ou le Brésil.

Mercredi, le sommet se poursuivra avec la participation de pays non membres de l’OTCA invités à Belem, comme la France, mais aussi l’Allemagne et la Norvège, principaux bailleurs du Fonds Amazonie. L’Indonésie, la République du Congo et le Congo-Brazzaville, qui abritent de vastes forêts tropicales dans d’autres continents, ont également été invités.

Source : Info Durable