TotalEnergies a débuté l’exploitation de forages pétroliers en Ouganda, dans le contexte du gigantesque projet Tilenga, qui suscite la controverse auprès des organisations de protection de l’environnement et des droits de l’homme, selon des informations obtenues mardi auprès de sources convergentes.

Début des forages du projet Tilenga

Selon le groupe français TotalEnergies, les forages des puits du projet Tilenga ont commencé en juillet 2023, conformément à la décision de développement annoncée le 1er février 2022, en vue d’une mise en production en 2025.

Cependant, l’Autorité pétrolière d’Ouganda (PAU) a déclaré que “le forage des puits de développement” avait débuté dès le 28 juin. La PAU a précisé, dans une déclaration transmise à l’AFP, que plus de 400 puits devraient être forés pour produire environ 190 000 barils de pétrole par jour au plus fort de la production, prévue pour 2025.

Le directeur du développement et de la production de la PAU, Alex Nyombi, a expliqué que “trois appareils de forage ont été alignés pour les opérations de forage”. Il a ajouté que “nous avons actuellement un appareil de forage opérationnel (…) le deuxième appareil est en train de subir les derniers tests et vérifications (…) tandis que les composants du troisième appareil sont en train d’être assemblés et devraient commencer à fonctionner en octobre 2023”.

De son côté, Ali Ssekatawa, directeur des affaires juridiques et institutionnelles de la PAU, a affirmé dans un autre communiqué transmis à l’AFP que “les plates-formes en Ouganda” étaient “conçues pour minimiser l’empreinte environnementale en utilisant des technologies et des pratiques durables et en garantissant une extraction responsable des ressources pour les générations futures”.

Cependant, les associations Amis de la Terre France et Survie ont souligné que les forages avaient démarré “au cœur même du parc naturel des Murchison Falls, la plus ancienne et plus grande aire naturelle protégée d’Ouganda” et ont alerté sur les dangers de ce projet, qui viendra alimenter le plus long oléoduc chauffé au monde.

Accusations de “greenwashing”

Les associations ont également accusé Total de “greenwashing”, en prétendant que ses puits pétroliers n’affecteront pas la faune locale en raison de tours de forage de couleur beige, censées se fondre dans les prairies de la savane environnante. Elles ont rappelé que plus d’un tiers des 400 puits prévus se situent dans cette aire naturelle protégée.

Le journal ougandais The Independent a cité un responsable de la PAU, selon lequel du pétrole a déjà été découvert à moins de 2 km de profondeur. Juliette Renaud, des Amis de la Terre France, a déploré que “Total dépasse toutes les limites imaginables en commençant l’extraction pétrolière dans un des plus hauts lieux de biodiversité au monde, l’Albertine Graben dans la région des Grands Lacs en Afrique”, alors que les effets du changement climatique sont de plus en plus perceptibles.

Elle a également rappelé que, selon le GIEC, “plus aucun nouveau projet pétrolier ne devrait être lancé” si le monde veut respecter l’accord de Paris. Le projet Tilenga, qui a fait l’objet d’un accord d’investissement de 10 milliards de dollars entre TotalEnergies, l’Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise CNOOC, comprend également la construction d’un oléoduc (EACOP) de 1 443 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l’ouest de l’Ouganda, à la côte tanzanienne sur l’océan Indien.

Les opposants au projet critiquent son impact négatif sur l’écosystème de la région et sur les populations locales. En juillet, l’organisation Human Rights Watch a demandé l’arrêt du projet, estimant dans un rapport qu’il a déjà “dévasté les moyens de subsistance de milliers de personnes”. Toutefois, TotalEnergies et ses partenaires affirment “mettre les enjeux environnementaux et de biodiversité ainsi que les droits des communautés concernées au centre du projet”.

Source : Info Durable