L’Agence européenne pour la sécurité alimentaire (EFSA) n’a pas décelé de degré de danger associé au glyphosate qui, d’après elle, nécessiterait son interdiction dans l’Union européenne après la fin de sa période d’autorisation actuelle. C’est ce qui ressort d’une étude présentée jeudi à la Commission européenne et qui a provoqué la colère de plusieurs organisations non gouvernementales.L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) n’a pas trouvé de “problèmes majeurs” liés à l’utilisation du glyphosate chez l’homme, les animaux et dans l’environnement, comme elle l’a déclaré dans une annonce officielle. Selon le processus scientifique de l’agence, une préoccupation est jugée “majeure” lorsqu’elle touche à tous les usages prévus de la substance active examinée, entravant ainsi son autorisation.Elle a toutefois noté un “risque à long terme élevé pour les mammifères” pour la moitié des utilisations du glyphosate proposées et a reconnu que l’absence de données rendait toute analyse définitive impossible.Cette recherche, présentée jeudi aux institutions européennes, servira de fondement à l’Union européenne pour décider si elle renouvelle l’autorisation de l’herbicide pour cinq ans supplémentaires. L’autorisation actuelle est valable jusqu’au 15 décembre.Cependant, les conclusions ont suscité la colère de nombreuses organisations non gouvernementales axées sur l’environnement, qui ont regretté que le principe de précaution ne soit pas respecté. Une trentaine d’entre elles – dont Agir pour l’Environnement et le Réseau Action Climat – ont interpellé le gouvernement français jeudi. “Les organisations demandent maintenant que la France plaide pour l’interdiction du glyphosate en Europe en 2023”, affirment-elles dans une déclaration commune.“Etant donné les risques largement prouvés pour l’environnement et la santé humaine, il est plus qu’urgent de mettre en œuvre le principe de précaution inscrit dans les textes européens et la Constitution française pour mettre fin à l’utilisation du glyphosate et entamer une véritable transition agricole et alimentaire”, ajoutent-elles.
Données Incomplètes
Le rapport, qui sera rendu public vers le mois de juillet, est basé sur 2.400 études, comprend 180.000 pages et a fait appel à 90 experts des États membres, selon l’Autorité. Cependant, l’EFSA admet qu’elle n’a pas pu finaliser certains aspects de son évaluation, en particulier ceux liés aux risques pour les plantes aquatiques, “en raison de l’absence de données sur leur exposition au glyphosate”.De même, aucun avis final n’est donné sur les risques liés à la consommation alimentaire, “en raison de données incomplètes sur la quantité de résidus de glyphosate dans les cultures en rotation comme les carottes, la laitue et le blé”.“Cependant, cela ne devrait pas entraîner un dépassement des niveaux de sécurité toxicologique” pour les humains “et, par conséquent, aucune préoccupation majeure n’a été identifiée”, insiste l’agence.L’EFSA note également le manque de données sur la toxicité d’un des composants présents dans la formule d’un pesticide à base de glyphosate en cours d’évaluation, tout en soulignant qu’il n’y a “aucune indication de toxicité aiguë”.Enfin, plusieurs questions restent sans réponse, en particulier l’impact global sur la biodiversité : si les experts reconnaissent que les risques “sont complexes et dépendent de nombreux facteurs”, l’EFSA estime que “globalement, les informations disponibles ne permettent pas de tirer des conclusions définitives”, tout en soulignant “un manque de méthodologies harmonisées”.Le glyphosate, l’ingrédient actif du célèbre Roundup de Monsanto – acquis par Bayer en 2018 -, largement utilisé à travers le monde, a été classé en 2015 comme “cancérogène probable” pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé.De son côté, un groupe d’experts de l’Institut national de santé et de recherche médicale (Inserm) en France a conclu en 2021 à “l’existence d’un risque accru de lymphomes non hodgkiniens avec une présomption moyenne de lien” avec le glyphosate.En revanche, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a jugé en juin dernier que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate comme cancérogène.Les réactions indignées à l’étude de l’EFSA jeudi ont été nombreuses. Parmi elles, l’ONG européenne Corporate Europe Observatory (CEO) a interrogé dans un communiqué: “Comment l’EFSA a-t-elle pu donner son feu vert au glyphosate en se basant principalement sur des études scientifiques de mauvaise qualité, menées par des entreprises?”De son côté, Greenpeace a également rejeté les conclusions de l’Autorité européenne, et appelé “la Commission européenne et les États membres à s’opposer à un renouvellement de l’autorisation” de l’herbicide.L’Europe n’est pas la seule région du monde où l’utilisation du glyphosate fait débat. Aux États-Unis, Bayer a versé des milliards de dollars pour résoudre des litiges.Source : Info Durable
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