Au début de l’année, une action en justice avait été engagée contre les dirigeants les plus éminents de la multinationale de l’énergie Shell en raison de leur gestion “insuffisante” des dangers liés au réchauffement climatique. Toutefois, la cour britannique a décidé de rejeter cette procédure, selon les informations communiquées ce lundi par l’organisation non gouvernementale de protection de l’environnement ClientEarth.

Procès contre Shell pour manque de préparation à la transition énergétique

En février dernier, ClientEarth avait intenté une action en justice auprès de la Haute Cour d’Angleterre et du Pays de Galles contre le conseil d’administration de Shell pour ne pas avoir correctement géré les risques liés au changement climatique pour l’entreprise.

Cependant, cette action en justice a été rejetée par les juges à deux reprises, d’abord en mai puis confirmée récemment, car ils estimaient que la plainte n’était pas suffisamment étayée. L’ONG a exprimé sa déception face à cette décision et a annoncé son intention de faire appel.

Shell a réagi en déclarant que l’ONG ne tenait pas compte de la manière dont les administrateurs d’une entreprise aussi grande et complexe que Shell doivent équilibrer différents éléments contradictoires. L’entreprise s’est également dite “confiante” quant à la suite de la procédure.

La stratégie du Conseil d’administration pour gérer les risques de la transition énergétique était fondamentalement défaillante. Maintenant, (les dirigeants) semblent abandonner carrément toute intention de prendre des mesures significatives.

Soutien des actionnaires et objectifs de réduction

En mai, Shell avait reçu le soutien d’une grande majorité d’actionnaires lors de son assemblée générale annuelle, malgré un début de séance chaotique et de nombreux doutes exprimés sur sa transition énergétique. Depuis, le groupe a annoncé qu’il prévoit une production de pétrole “stable” jusqu’en 2030, alors qu’il avait précédemment annoncé des objectifs de réduction.

Paul Benson, avocat de ClientEarth, a dénoncé cette situation en affirmant que la stratégie du Conseil d’administration pour gérer les risques de la transition énergétique était fondamentalement défaillante. Selon lui, les dirigeants semblent abandonner toute intention de prendre des mesures significatives.

En réponse à ces accusations, Shell a souligné que l’entreprise avait atteint plus rapidement que prévu ses objectifs de réduction de production de pétrole pour 2030, par rapport aux ambitions dévoilées en 2021, avec des niveaux de production inférieurs de 26% à ceux de 2019. Un porte-parole de Shell avait précisé en juin que cet objectif avait été atteint grâce à des cessions d’actifs et au déclin naturel des champs pétrolifères.

Accusations de non-respect de l’Accord de Paris

ClientEarth, qui entame cette procédure en tant qu’actionnaire minoritaire de Shell, estime que les administrateurs du groupe ont manqué à leurs obligations légales en ne mettant pas en place et en ne suivant pas une stratégie de transition énergétique conforme à l’Accord de Paris, une accusation que l’entreprise conteste.

Paul Benson a ajouté que le refus du Conseil d’administration de prendre des mesures décisives met en péril la viabilité commerciale future de Shell. Selon ClientEarth, c’est la première fois qu’un conseil d’administration d’entreprise est attaqué en justice sur son incapacité à préparer correctement la transition énergétique.

Au premier trimestre, Shell a enregistré un bénéfice net en progression de 22% sur un an, s’élevant à 8,7 milliards de dollars. Cependant, début juillet, l’entreprise a annoncé s’attendre à une baisse significative des ventes de gaz au deuxième trimestre.

Source : Info Durable